Géopolitique

Jean François DREYER
le jeudi de 10h00 à 12h00 - Maison des Associations
5 séances : 


Thème pour 2024-25 : La Palestine / Israël / Essor du populisme et crise de la démocratie

 

Préambule

Le choix des questions dépend avant tout de l’actualité récente et parfois toujours en cours. En conséquence, l’ambition demeure identique aux années précédentes : donner un éclairage et des éléments de réflexion sur des sujets qui nous touchent afin de mieux les appréhender et de ne pas tomber dans l’immédiateté à laquelle nous soumettent les réseaux sociaux et les médias. Pour cette saison 2024-25, dans les trois premières conférences nous collerons autant que faire se peut à l’actualité immédiate, pour ensuite concevoir de manière très pragmatique le fragile équilibre de notre monde suspendu au contrôle des passages stratégiques, mais aussi à nos émotions.

Conférence 1 : Les enjeux géopolitiques de l’élection américaine : la démocratie américaine en danger ?

L'élection présidentielle américaine n'est plus qu'à quelques mois et pour la troisième fois consécutive, les électeurs américains seront confrontés à la question primordiale de savoir s'ils veulent Donald Trump à la Maison-Blanche. Un paradoxe de l'ère Trump, qui entre maintenant dans sa 9e année, est qu'en ce qui concerne la politique intérieure, Trump a tout changé, tout en ne changeant rien. Pendant les quatre années de sa présidence, Trump a incarné un mélange d'avidité, d'ignorance, de bouffonnerie et de mépris pour la démocratie sans précédent. Les enjeux fondamentaux de cette élection résident dans la préservation de la démocratie et de la stabilité intérieure. Une réélection de Biden offrirait aux institutions démocratiques américaines, en crise depuis plusieurs années, une chance de se maintenir et de continuer le combat. Une victoire de Trump signifierait quelque chose de très différent pour la démocratie américaine, car le milliardaire continuerait non seulement à affaiblir et à corrompre les institutions démocratiques, tout en consolidant le pouvoir autour de lui, mais il tenterait également de faire passer des lois draconiennes qui remodèleraient radicalement les États-Unis.

Conférence 2 : La Palestine, un territoire confisqué ?

« Souveraineté », « autodétermination » : ces mots ont résonné, vendredi 19 juillet 2024, dans la monumentale salle d’audience de la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye. Dans une décision claire et sans détour, ses juges ont déclaré « illicite » l’occupation israélienne du territoire palestinien et décidé qu’Israël a « l’obligation de mettre fin à sa présence (…) dans les plus brefs délais ». En sortant de l’audience, l’ambassadeur de la Palestine à l’ONU, Riyad Mansour, a salué « une décision historique ». Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a rapidement exhorté « la communauté internationale à exiger qu’Israël, en tant que puissance occupante, mette fin à l’occupation et se retire sans condition ». (Le Monde, 20 juillet 2024). Sous les feux d’une actualité brulante et polémique, il nous faudra rappeler la genèse du conflit israélo-palestinien, en évoquer les responsabilités arabo-palestiniennes et prendre le recul nécessaire pour ne pas faire l’amalgame entre nationalisme, islamisme et terrorisme.

Conférence 3 : Israël, un territoire « apartheid » ?

En 2006, Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis et artisan, en 1979, de la première paix israélo-arabe (entre Israël et l’Egypte), publiait un livre au titre provocateur : « Palestine, la paix, pas l’apartheid ». En écho du « camp de la paix » en Israël, il argumentait qu’Israël ne pouvait rester un Etat à la fois juif et démocratique si se perpétuait l’occupation des territoires palestiniens : soit la population de ces territoires accédait aux mêmes droits que les Israéliens, dont l’Etat ne serait plus fondamentalement juif, soit elle serait exclue de ces droits, compromettant le caractère démocratique d’Israël. Après avoir évoqué les contours de la démocratie israélienne malmenée par les coups de boutoir des partis populistes et extrémistes religieux juifs, l’actualité nous oblige à prendre en compte le discours eschatologique de l’intégrisme religieux juif qui est expansionniste et qui vise le contrôle de l’État et de ses institutions. Au regard des mots prononcés et des actes perpétrés en Israël, on pourra s’interroger sur les conditions de la paix dans cette région du monde.

Conférence 4 : La géopolitique des passages stratégiques

L’économie mondiale repose largement sur les échanges maritimes, organisés selon des routes qui relient les bassins de production aux foyers de consommation. Ces routes possèdent un talon d’Achille : un nombre limité de points de passage obligé, caps, détroits ou grands canaux qui conditionnent leur tracé. Or, plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui en crise : saturation, insécurité, tensions… Le fonctionnement du système maritime mondial en est perturbé et recomposé. Alors que les mers et océans couvrent 73 % de la surface du globe, la navigation, civile et militaire, est fortement contrainte par une série de grands détroits et canaux internationaux qui fixent les grandes routes maritimes : ce sont des points de passage obligé, ou P.P.O. Leur contrôle, leur sécurité et leur bon fonctionnement représentent des enjeux géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques majeurs car ils constituent de possibles goulets d’étranglement, ou « choke points » en anglais (de choke, étouffer, étrangler). On parle aussi, pour les désigner, de passages maritimes stratégiques, pour souligner l’intérêt accru qui leur est porté, tant par les états riverains que par les grandes puissances, et d’une façon générale par tous les acteurs du commerce maritime mondial. Comment ces points de passage obligés, à la fois charnières et verrous des grandes routes maritimes, conditionnent et contraignent les échanges mondiaux et, partant, le processus de mondialisation lui-même

Conférence 5 : les perspectives d’un nouvel ordre mondial ?

L’ambition de cette dernière conférence est de clore un cycle de réflexions portant sur des questions que l’actualité a constamment remis en cause.  Il ne s’agira pas d’évoquer des faits, de décortiquer les mécanismes géopolitiques du monde actuel, mais de laisser la place aux émotions qui régissent en premier les actes que nous commettons. Dans « La Géopolitique de l'émotion » Dominique Moïsi, montre que le Proche-Orient est plus que jamais le théâtre d'un conflit de sentiments irréconciliables : les Israéliens sont dominés par une forme de ressentiment et de peur, accompagnée d'un énorme complexe de supériorité, tandis que les Palestiniens sont dévastés par un sentiment d'humiliation et un lourd complexe d'infériorité. La guerre qui embrase Gaza, tout comme celle qui sévit en Ukraine, accélère, à défaut de le révéler, l'émergence du nouveau divorce émotionnel planétaire. Entre Occidentaux et non Occidentaux, le fossé est désormais béant et conduit à un ordre du monde tripolaire : le Sud global, l'Orient global et l'Occident global. Entre amertume et résilience, colères et ambitions, haines et décadence chacun de ces blocs se positionne les uns par rapport aux autres et laisse entrevoir un scénario le plus pessimiste où les Etats-Unis pourraient entrer en guerre civile et l'Europe se désintégrer.


Bertrand HAMELIN
jour et créneau à définir - MDA
5 séances

Thème pour 2024-25 : Nostalgies impériales et stratégies impériales (Turquie, Chine, Russie)

Dans notre monde multipolaire, la Turquie, la Chine et la Russie se caractérisent par le fait que ces puissances émergentes sont les héritières d’empires ayant connu de longues phases de domination ces derniers siècles. Ces trois Etats ont tous ensuite traversé une période plus ou moins longue et plus ou moins marquée d’affaiblissement sur la scène diplomatique et militaire internationale, avant d’en redevenir des acteurs majeurs depuis quelques décennies.

Ce cours propose un questionnement sur le lien entre cette histoire « glorieuse » ou « prestigieuse » et cette affirmation de puissance contemporaine. Quels regards sur l’histoire de leur pays portent les régimes dirigés par Recep Tayyip Erdoğan, Xi Jinping et Vladimir Poutine ? Comment cette histoire est-elle intégrée au narratif (storytelling) de ces régimes ? Quelle histoire nationale les jeunes de ces trois Etats apprennent-ils ? Enfin et surtout, cet héritage et cette histoire constituent-ils des explications probantes des stratégies d’affirmation de la Chine, de la Turquie et de la Russie, impliquant des revendications territoriales et la définition de sphères d’influence privilégiées ?

L’histoire est donc aujourd’hui l’objet de réinterprétations et d’instrumentalisations de la part d’Etats qui considèrent avoir subi, à des époques et à des degrés divers, des formes d’humiliation de la part d’autres puissances, pour l’essentiel occidentales. Si nous établirons des comparaisons entre les cas étudiés, chaque puissance fera l’objet d’une étude spécifique.


Marc REGELBRUGGE
jour et créneau à définir - MDA
5 séances

Thème pour 2024-25 :