Histoire du Cinéma
Meera PERAMPALAM, Docteure en Études cinématographiques et audiovisuelles (Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
le lundi de 9h30 à 12h30 - 7 séances (entrée au cinéma : 4 € par film) - Café des Images
Dates : 14 octobre ; 18 novembre -- 6 et 20 janvier ; 17 et 31 mars ; 5 mai
Tous les adhérents de l'antenne peuvent assister au film de leur choix et assister aux commentaires de Meera PERAMPALAM, même s'ils ne sont pas inscrits au cycle complet. Se munir de sa carte d'étudiant.
Le cinéma sous contrôle : pouvoirs et contre-pouvoirs à l'image
L’œil du cinéma (sur)veille, et se tourne vers nos sociétés marquées par les fractures politiques, renversant par là-même les logiques de contrôle. Affirmant une relation de pouvoir comme de résistance, l’objectif scrute tantôt le point de vue du citoyen tantôt celui de l’Autorité (voire de l’opprimé ou de l’oppresseur), questionnant parfois son ambivalence.
C’est ce que certifie la soif de puissance d’un policier qu’Elio Petri illustre dans une Italie des années 1970 aux prises avec la corruption et les délits, là où l’immoral triomphe sans impunité dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. L’atrocité criminelle ne peut alors mener qu’à un jugement fatal. La Pendaison remet néanmoins en cause la culpabilité d’un dit, assassin, devenu amnésique, interrogeant ainsi la droiture et les failles de la Justice, comme le narre le japonais Nagisa Ôshima. Ces infractions se prolongent jusqu’à atteindre des proportions inhumaines dans La Déchirure, réalisé par le britannique Roland Joffé, qui dépeint la violente cruauté des Khmers Rouges aux rênes d’un Cambodge dévasté. Ce régime dictatorial trouve un fort écho dans celui du général chilien Pinochet, qui laisse difficilement place à la résistance mais offre une sépulture sans tombe à ces milliers d’opposants disparus, à l’instar du journaliste américain dont la recherche s’apparente à une quête pour son père dans Missing, mis en scène par Costa-Gavras. L’individu tend peu à peu à s’interroger, comme il en est question dans le documentaire d’animation autobiographique d’Ari Folman, Valse avec Bachir, qui conte les souvenirs d’un soldat israélien hanté par les chimères d’une guerre fratricide, où les massacres écrasent la part d’humain qui réside en soi. Cette hantise se fortifie quand le terreau terroriste devient la cible d’une armée, d’un pays, en l’occurrence les Etats-Unis, prêts à se venger des attaques du 11 septembre 2001. A travers l’opération Geronimo, Zero Dark Thirty atteste des moyens mis en place par les services secrets grâce à la caméra de Kathryn Bigelow. Malgré tout, la guerre contre le terrorisme semble parfois vaine quand les fondamentalistes finissent par dicter l’absurde et détruire la poésie humaine sur fond de matraquage religieux, tel que le relate le mauritanien Abderrahmane Sissako sur le territoire malien de Timbuktu.
Ainsi, les questionnements sur le pouvoir et le contre-pouvoir traversent l’Histoire, et le cinéma en devient le témoin à part entière adoptant des regards verticaux qui surplombent ou contrecarrent, produisant un discours sur notre réel imprégné par des enjeux de contrôle incessants.
Programme :
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto), Elio Petri, 1970, Italie
La Pendaison (Kōshikei), Nagisa Ôshima, 1969, Japon
La Déchirure (Killing Fields), Roland Joffé, 1984, Royaume-Uni
Missing (Porté disparu), Costa-Gavras, 1982, Etats-Unis
Valse avec Bachir (Vals im Bachir), Ari Folman, 2008, Israël
Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow, 2013, Etats-Unis
Timbuktu, Abderrahmane Sissako, 2014, Mauritanie