Histoire du Cinéma

Meera PERAMPALAM, Docteure en Études cinématographiques et audiovisuelles (Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

le lundi de 9h30 à 12h30 - 7 séances (entrée au cinéma : 4 € par film) - Café des Images
Dates :  9 octobre - 13 novembre - 15 et 29 janvier - 12 février - 18 mars - 15 avril

Tous les adhérents de l'antenne peuvent assister au film de leur choix et assister aux commentaires de Meera PERAMPALAM, même s'ils ne sont pas inscrits au cycle complet. Se munir de sa carte d'étudiant.

De l'autre côté de la toile : les exilés du cinéma

Dès ses premières vues, le cinéma a sillonné le parcours des exilés, à l’image d’un exode qui s’imprègne d’espoir et d’amertume, en projetant leurs désirs et déceptions sur sa toile aux lumières contrastées.

L’exil démarre par un changement de statut, passant de celui d’émigré à immigré. Tel est le cas dans Profession Magliari, où l’encore néoréaliste Francesco Rosi suit le destin d’un ouvrier italien finissant par perdre ses repères moraux dans une Allemagne lui ouvrant les portes d’un trafic douteux mais nécessaire à sa survie. Cet ailleurs peut se révéler fantasque, à la hauteur de la Big Apple peinte par Paul Mazursky dans Moscou à New York, où le rêve américain d’un saxophoniste russe s’enlace aux songes des Métropolitains. De l’aspérité à l’altruisme, le regard se pose également sur les différences, à l’instar de l’extra-terrestre aliéné de L’Homme qui venait d’ailleurs, catapulté sur notre planète par Nicolas Roeg, qui découvre une humanité cruelle…

Naît alors désir de se reconnecter à soi, à travers les rencontres comme celle incongrue d’un enfant à la recherche de sa mère, et d’un ancien yakuza, le long d’un voyage introspectif tourné par le Japonais Takeshi Kitano (L’Eté de Kikujiro). De ces périples, l’attente avant le grand départ, temps suspendu par Abderrahmane Sissako dans En attendant le bonheur, et sa quête d’espérance en terre mauritanienne, permet de saisir l’esseulement des êtres qui s’y préparent.

Arrive l’envol qui précède la construction d’une nouvelle famille, mais qui s’accompagne des spectres du passé happant les esprits dans cet entonnoir où résonnent les horreurs d’une guerre d’un autre temps, celle sri lankaise, en pleine banlieue parisienne, capturée par la caméra du réalisateur français Jacques Audiard (Dheepan). Ce passé semble également ressurgir quand on finit par rebrousser chemin, et revenir chez soi. La Cordillère des Songes se concentre sur la nature séparatrice et protectrice de la montagne, témoin silencieux de la terreur conduite par Pinochet qu’a fui le documentariste chilien Patricio Guzmán, et gardienne d’un avenir qui se voudrait plus optimiste…

Ainsi, les va-et-vient spatio-temporels se nouent dans une boucle dessinant une cartographie d’émotions des plus hétéroclites. A travers ce travelling cinématographique, l’exil demande asile au détour des langues qui fusionnent, des territoires qui se disloquent, des êtres qui s’unissent…

Programme prévisionnel. Si un film venait à être déprogrammé, il serait remplacé par un titre disponible.